-Discographie:

Musiques écrites et improvisées Trio CDL 1988

Faaa Trio CDL 1991

Pianisphères Duo Couturier-Chalet 1993

Musique à la mode Composition et titre générique 1993

pour M. Azzola-L.Bossati

Autoportrait Piano solo 1995

Esszencia Quintet CDL+. 1998

Récréations Choeurs d'enfants 1999

" I'd like very much this music. It has a french flavour, but it is a beautiful trio. I don't know how to describe it... A kind of beauty of harmony maybe, you could say, remind some of the passages having a flavour from the culture of Ravel, Debussy, but also jazz : it is verv nice."

Chick Corea

FR3 , le 2 juiIIet 1992

 

SUITE POUR LE VIN

Créée à l'initiative d' "Espace Canal-Canal Vin", cette musique a été écrite pour établir la plus proche correspondance possible entre les sensations sonores et sensorielles, afin de trouver "le son du goût". A partir de l'analyse profonde de cinq produits sévèrement sélectionnés sont nées 5 pièces, toutes différentes dans leur forme, construites sur une thématique ou une texture issue directement du schéma oenologique tradidonnel " Robe- Nez- Bouche", chaque élément, dans un refus de simple présence descriptive, devant servir de prétexte à une véritable composition autonome, loin d'un jeu de pistes conçu par juxtaposition. Présentée en Avril 1996 lors d'une soirée-prestige réunissant producteurs, oenologues et amateurs de vin, avec explications et dégustations, cette "Suite pour le Vin" apparaît aujourd'hui dans sa "version concert", précédée d'une introduction.

1- Introduction (J.P. Chalet)

Rien de plus naturel que d'inviter à la dégustation par une chanson à boire. L'empreinte, plutôt que la présence, des "Chevaliers de la Table Ronde" autorise ici la présentation du Quintet dans ses instruments, sa démarche, son univers et ses choix esthétiques : nul doute que le thème populaire ait subi pour cette pièce les méfaits de quelques dégustations...

2 - Saumur "Cuvée Trésor" Bouvet (B. Maurice)

Légèreté des bulles, finesse de mousse, plénitude du corps, couleur brillante oeil de perdrix. Personne mieux que l'accordéon seul, avec ses techniques contemporaines (Below-Shake) ne pouvait honorer ce produit de grande classe.

3 - Pouilly Fumé - " La Demoiselle de Bourgeois" 1994 (J.P. Chalet)

La structure en trois parties suit le schéma Robe-Nez-Bouche.

- Robe : accords tendus contemporains sans consistance pour évoquer la couleur jaune-paille, vert-clair et la transparence, la montée des arômes imposant l'entrée de la clarinette et du basson..

- Nez : rythme à 3 temps pour la rondeur et improvisations aigües marquant la

Finesse, la délicatesse et surtout l'aspect minéral.

-Bouche : écriture polyphonique, alliage des timbres, mesures suivant le déroulement des phrases et base ternaire pour l'élégance, la distinction, la noblesse provinciale et la complexité de ce vin.

jazz et bon vin, le mélange- d'étonnant de CDL

Pas moins de 180 spectateurs se pressaient, samedi soir à la salle des fêtes, pour assister à un concert organisé conjointement par la municipalité et l'école de musique. Unis depuis 10 ans, les trois musiciens de CDL ont été rejoints par deux nouveaux compères qui apportent effectivement à l'ensemble un " + " renforçant la qualité reconnue du trio orléanais.

Si le jazz se doit avant tout de donner liberté d'expression à ses interprètes, la " Suite pour le vin ", inscrite au programme, en aura été un vibrant témoignage. A l'image du savant alsacien qu'est "I'Edelswiker",

piano, guitare, accordéon, clarinette et basson, ensemble ou en solo, ont traduit la robe, l'éclat, les arômes et la pétillance des divers crus proposés à l'appréciation des dégustateurs présents. Cinq instruments qui se côtoient et se rassemblent, cinq musiciens qui, visiblement, s'amusent à créer un imaginaire vignoble fait de sons qui puisent leur émotion dans les sources parfois inexplorées d'un jazz typiquement français.

jazz à Ingré ! Une expérience qui mérite d'être régulièrement renouvelée.

CDL + a proposé un concert construit sur une thématique inspirée du schéma cenologique traditionnel

 

4 - Bordeaux , "Domaine de Courteillac" 1994,

(J.P. Chalet)

L'introduction réunit robe et bouche dans des trémolos et des phrases en tierces issus du rouge rubis tirant sur le grenat très dense, avec arômes de cassis, framboise et vanille, une petite liaison d'épice et de canelle, confiée à la guitare et au piano ouvrant sur l'aspect soyeux, rond et souple révèle en bouche.

Vin d'amitié et de conversation qui invite à la valse populaire faite de dialogue, de jeux, de légèreté.

5 - Nuits Saint Georges ler cru - D. Riou

(J.P. Chalet)

Si l'introduction évoque les éclats de rubis qui se multiplient au regard de la robe, la lente marche, majestueuse et contemplative, témoigne de l'équilibre parfait de ce vin d'une grande noblesse, long en bouche : un seigneur qui méritait le timbre aristocratique du basson et les montées ponctuelles en plaisir intense du quintet.

6 -Montlouis 1990 - Delétang (J.P. Chalet)

Conçue à l'origine comme une "audition à l'aveugle" pour qu'on devine le vin qui allait être présenté, cette pièce comporte 2 parties :

- la première évoque le lieu, dans sa géographie (bruits d'eau, chants printaniers des oiseaux, fraîcheur) et dans son histoire (évocation d'une sicilienne stylisée venue de la Renaissance).

- la seconde présentant 2 types d'arômes : les crus légers, frais, gais (piano guitare) superposés sans lien, comme une émanation, à ceux de confiture d'abricot typiques d'un vin botrytisé (accordéon, clarinette, basson), superposition renforcée par 2 types de mesures.

 
 

Jean-Pierre Chalet, le styliste

Cela ne convient pas fatalement à une première partie de concert, mais si l'on considère que la première partie est un véritable concert en soi, alors on ne peut être que satisfait et voir comblé.

Ce que fait " CDL+ " est tout simplement très beau, imprégné de musique française, de Debussy et de Poulenc, de musique du XXème siècle avec des alliages d'instruments offrant timbres prégnants.

On aimera chez le pianiste Jean-Pierre Chalet la pulsation très féline et attentive, le côté mélodie de Bengale savoureusement servie par Bruno Maurice à l'accordéon. On aimera le latin, l'effervescence, et le nomadisme de Jean-Jacques Decreux au basson, tous au service d'une création contemporaine passionnante, faite de souplesse et évoluant entre concerto palpitant et calme à la palette sonore qui irise. Avec sa " Suite pour le vin ", Chalet se montre davantage cristallin que pétillant, enveloppant et coloré. Comme quoi tous les prétextes sont bons, dès qu'il s agit de goûter et surtout de faire goûter une musique à saveur bien contrôlée. A savoir, spatiale et généreuse, invitation limpide à une sérénité infinie...

J.-D. B.

INTERVIEW/J.-P. CHALET

" Nous revendiquons nos racines françaises "

- Peut-on dire que votre musique, c'est du jazz ?

- Ce n'est pas à nous de le dire, mais pour nous, ce n'est pas le problème. Nous sommes à la croisée de multiples influences et ce que nous jouons est la représentation sonore de ce que nous sommes. L'être humain n'existe pas en tant que tel, il est le résultat de tout ce qui le traverse. Nous revendiquons nos racines françaises et cela se retrouve au niveau de l'écriture, de la structure, du timbre, du rapport entre les instruments. Mais à partir de là, les gens ont le droit de nous coller l'étiquette qu'ils veulent.

. Qu'est-ce-que ça fait de jouer avant Herbie Han-cock ?

- Rien du tout. Nous sommes là pour défendre notre identité. Lui est américain, nous

français, et chacun part de ce qu'il est. Hancock est évidemment un musicien phénoménal, mais je me sens plus proche de Chick Corea, dont nous avions assuré la première partie il y a quatre ans, par la couleur. Il y a une communauté

d'idées, une intimité. Hancock, c'est une superbe machine américaine alors que nous sommes dans un jardin français. C'est un peu l'Empire State Building face au château de Chaumont-sur-Loire...